Je n’ai jamais trop adhéré au réseaux sociaux à cause du flux inarrêtable de contenus de qualité médiocre, sinon douteuse. J’ai finalement complètement arrêter de les consulter quand j’ai choisi d’accorder la plus grande importance à la protection des données personnelles.

Exit Facebook, Google Circles, Instagram et consorts.

Et Mastodon ?

  Pourtant, Mastodon m’a semblé différent : son architecture décentralisée redonne leur indépendance aux utilisateurs ; l’absence algorithme nous épargne les flux publicitaires et malhonnêtes ; la licence open-source protège des abus et des dérives ; l’inter-opérabilité avec d’autres services m’a sembler faire abattre les cloisons monopolistes et anticoncurrentielles qu’érigent les géants du numérique.
&emspc;Je me suis donc inscrit sur piaille.fr et j’ai rejoint cette communauté.

La mascotte de Mastodon
La mascotte de Mastodon

Ça a pris du temps, mais j’ai fini par y dénicher quelque comptes intéressants à suivre1 qui ont peu a peu enrichi mon fil d’actualité de sujets que je prends plaisir à découvrir.
J’ai découvert une communauté de médecins et soignants qui échangent joyeusement grâce à un compte automatisé qui centralise les sujets médicaux, ce qui renforce mon impression de communauté et ma curiosité envers les autres utilisateurs.
Je me suis même pris au jeu et j’essaie de partager moi aussi quelques idées et curiosité (souvent au travers d’articles de ce blog que je partage là-bas).
Enfin, j’ai découvert que l’on pouvait suivre les Hashtag, et j’ai pu élargir mes horizons et suivre directement mes centres d’intérêt.

Bref, j’ai mordu à l’hameçon.

Et Twitter ?

  Restait tout de même un problème : un certain nombre de personnages que j’aimerais suivre se trouvent sur -Twitter, que je me refuse à réintégrer compte tenu du déferlement de toxicité (et que j’appellerai dans cet article Twitter, car X est un nom ridicule qu’aurait pu choisir un ado socialement en difficulté pour essayer de se rendre cool, et que tout le monde continue d’appeler ce réseau Twitter de toute manière).

Accéder à ces comptes était devenu compliqué : le service est devenu de plus envahissant en exigeant des visiteurs qu’ils se connectent pour naviguer sur le site, les harcelant de pop-up et de bannières ; mais connecter reviendrait à me soumettre à tous les traqueurs qui pullulent sur la plateforme.

Il y avait Nitter qui permettait de consulter un profil à travers un front-end protégeant le visiteur, mais de moins en moins de leurs instances fonctionnent2, bloquées une à une par Twitter.

Il me semble irréaliste d’attendre d’Elon Musk qu’il intègre in jour le protocole ActivityPub3 à Twitter, puisqu’il semble vouloir au contraire enfermer ses utilisateur pour en limiter la fuite pourtant inexorable4. C’est d’ailleurs une des raison pour lesquelles j’accueille comme une bonne nouvelle la compatibilité de Threads avec ce protocole (j’élabore là dessus plus loin).

Heureusement, j’ai découvert plusieurs solutions pour m’aider à y accéder, que je m’empresse de partager ici…

RSS-parrot.net

  Je suis un grand fan des flux RSS. Obtenir ses informations directement de leurs sources, sans traqueurs pour les monétiser, ni algorithme pour les filtrer, via un protocole ouvert et peu gourmand en ressources : le low-tech triomphe encore dans mon cœur !
D’ailleurs, ce blog lui-même est équipé de ce système.

Il y a quelques jours, j’ai vu apparaitre dans mon fil d’actualité un post manifestement partagé par un bot qui renvoi précisément un article via du RSS. Je remonte le fil, et découvre RSS-parrot.net, un projet construit et maintenu par gábor ugray (@twilliability).

 L’idée est géniale, l’exécution simple.
En “tootant5 (ou “pouetant5 dans la langue de molière) un lien à destination du robot @birb@rss-parrot.net, il crée un compte Mastodon que vous pouvez suivre et voir s’afficher directement dans votre fil d’actualité.

a bird escaping from its cage
L'oiseau, libéré

Par exemple : admettons que vous voudriez suivre mon blog via votre compte Mastodon. Envoyez…

http://jablog.bio @birb@rss-parrot.net

Et vous obtiendrez la réponse :

I got your RSS feed!

Follow this automated account to get all new posts in your Mastodon timeline: @jablog.bio@rss-parrot.net

☝️ Don’t forget to follow the account now!

Terriblement efficace. Mais ce n’est pas tout !

“Parroter” Nitter

Nitter, cet interface à Twitter que je mentionnais plus haut, créé un flux RSS à partir des comptes Twitter !
L’alliance de ces deux services vous permet de donner à rss-parrot l’adresse URL du compte Twitter, via Nitter, d’y ajouter le suffixe /rss, puis de suivre le compte mastodon ainsi obtenu pour voir les messages s’afficher directement dans votre fil !

https://nitter.poast.org/natgeowild/rss @birb@rss-parrot.net

I got your RSS feed!

Follow this automated account to get all new posts in your Mastodon timeline: @nitter.poast.org.natgeowild@rss-parrot.net

☝️ Don’t forget to follow the account now!

Je vais tenter de ne pas abuser de cette solution pour ne pas saturer les serveurs à moi tout seul, mais la tentation va être rude.

Mais Nitter est un projet qui a déjà été menacé plusieurs fois d’extinction par différentes… hum… “mises à jour” de Twitter. Qui sait s’il va durer dans le temps.

Heureusement…

Bird.makeup

Bird.makeup est un autre projet open-source visant à briser les frontières, créé et maintenu par Vincent Cloutier (@vincent) que je trouve fascinant, qui sert de “pont” (bridge, en langue de Shakespeare) entre Twitter et ActivityPub.
Si vous y entrer l’identifiant d’un utilisateur de Twitter, un robot est créé pour en propager les tweet sous forme de pouets5 que vous pouvez suivre depuis votre timeline.

Malheureusement pour moi… j’ai l’impression que l’instance de bird.makeup n’est aps accessible depuis mon serveur piaille.fr.
Mais heureusement pour moi ! un clone de ce service, hébergé par une autre personne ayant re-déployé le projet fonctionne ! (gloire à l’Open-Source). J’utilise donc twitter-bridge.cryobyte.net, et tout semble marcher impeccablement. Il y a probablement d’autre miroirs que je ne connais pas.

Apparemment, il existe un service similaire pour suivre des comptes Instagram, par le même créateur, appelé kilogram.makeup, mais je n’ai pas encore réussi à y accéder.

Et Threads, alors ?

&emps; Threads est le concurrent à Twitter propulsé par Méta (Facebook). La différence la plus notable est que Threads propose à ses utilisateurs d’activer le protocole ActivityPub, rendent leurs comptes visibles depuis nos plateformes.

Il y a de nombreuses inquiétudes de la part du Fedivers sur la finalité et les conséquences de cette compatibilité. À mon sens ces inquiétudes sont justifiées par la réputation misérable de Méta-facebook.
Beaucoup redoutent la classique méthode de “Embrace - extend - extinguish6 par laquelle les géants du numérique rejoignent un protocole ouvert et partagé, avant de le vampiriser de ses utilisateurs, puis finalement de s’en retirer, emmenant avec eux ces utilisateurs devenus dépendant du service propriétaire. Le Fedivers ne serait pas la première victime de cette stratégie.

Pourtant, les fondateurs de Mastodon eux même ne semblent pas croire à ce scénario7. Ils sont au contraire confiants que l’ouverture et l’interopérabilité des réseaux est primordiale à la liberté des utilisateurs, y compris ceux de Facebook. J’ai tendance à me ranger à leur avis.

Toutefois, de nombreuses instance de Mastodon bloquent Threads. Car si ce réseau est décentralisé et fédéré, il peut aussi se dé-fédéré. C’est une bonne chose que les utilisateurs puissent choisir ou non d’appartenir à une instance connectée à Méta. Chacun peut consulter le Fédipact pour savoir si leur instance est ou non liée à celle de Zuckerberg. Pour en savoir plus sur ce qu’est la fédération-défédération, je vous renvoie vers mon autre billet à ce sujet.

En conclusion

J’aime bien Mastodon, et par extension le Fédivers et les réseaux qui le composent. J’y retrouve une ambiance et un fonctionnement communautaire qui me fait penser aux forums et aux canaux IRC des temps anciens (et que j’avoue avoir peu connu).

J’y trouve des choses intéressantes, et il est si rafraichissant de consulter un flux qui n’est pas filtré par des algorithmes aux intérêts d’hyper-rentabilité, de ne pas avoir à se sentir traqué et épié à chaque clic…

Bien sûr, il a ses défauts. Comme tout réseau social, il est lourd de désinformation, de robots automatiques, de spams, et de chambres d’échos8 qui peuvent favoriser la polarisation des avis extrêmes.
Mais comparés aux autres, il n’est pas si mal, car il appartient aux utilisateurs.

J’ai l’intension d’y rester un moment.

Ouvrons les portes des jardins fermés
Ouvrons les portes des jardins fermés

  1. Je recommande chaudement les comptes du Dr Dubus qui étudie les psychédéliques, de Wikipédia en Français qui agrémentera votre fil de curiosité, et du Global Museum pour la même raison. ↩︎

  2. J’utilise aujourd’hui nitter.poast.org qui semble tenir le coup, mais j’ignore pour combien de temps. ↩︎

  3. ActivityPub est le protocole qui soutient le Fédivers et qui permet à différentes instances de différents services d’échanger de façon transparente pour leurs utilisateurs. C’est ce qui fait que les serveurs mastodon peuvent se parler entre eux, ainsi qu’aux serveux plémora ou pixelfed. Plus de détails dans mon autre billet sur le fédivers. ↩︎

  4. Voir ici : 🇬🇧 Number of X (formerly Twitter) users worldwide from 2019 to 2024 : statista.com, et là : 🇬🇧 X (Twitter) Statistics: How Many People Use X? (2024) : backlinko.com ↩︎

  5. Toots chez les anglophones, et Pouets chez nous, sont les messages postés par les utilisateurs de mastodon. Puisque tweet représentait le bruit de l’oiseau bleu, nous avons l’onomatopée d’un Mastodonte tonitruant. ↩︎ ↩︎ ↩︎

  6. Embrace - extend - extinguish : Stratégie des entreprises du numérique pour prendre le contrôle d’une technologie à la base ouverte et partagée. cf Wikipédia 🇫🇷 ↩︎

  7. 🇬🇧 What to know about Threads - blog.joinmastodon.org ↩︎

  8. Chambre d’écho : Réseau de personnes formé spontanément autour d’une vision commune, où les gens sont principalement exposés à des opinions qui se rapprochent des leurs, ce qui tend à cristalliser leurs idées et leurs croyances. source: Office québécois de la langue française ↩︎