J’étais persuadé que le retour de la mode des vinyls était témoins de snobisme et d’un mouvement hipster.

Bien sûr, il y a un peu de ça. Ceux qui se prétendent audiophiles et voient dans les vinyls une technologie supérieur donnant une meilleur qualité de son que des fichiers digitaux ou même des CD ne sont pas honnêtes avec eux même.

Le plastique se déforme et s’use, la moindre poussière compromet la lecture, la vitesse de lecture change sur un même disque à cause de la géométrie du support, le diamant du tourne-disque se trouve parasité par la moindre vibration…
Et c’est surtout grâce à l’électronique contenu dans la platine que le son est traité, déparasité, épuré pour être de bonne qualité. L’authenticité du son sur vinyl est un mythe, sa qualité une exagération.

Je n’ai pas changé d’avis sur l’idée qu’il est snob de prétendre que les vinyls sont une technologie supérieure. Toutefois, j’ai changé d’avis sur le fait qu’il n’y avait qu’un effet de mode quand à leur intérêt.

Il y a un rituel autour de la lecture d’un vinyl : on choisit la pochette, extrait délicatement le disque sans poser les doigts dessus, l’époussette, le place sur la platine… Le bras vient se placer doucement sur le plastique brillant et la musique commence, pour 20 minutes, dans un ordre établi que l’auditeur connaît.

Certains disques sont noirs et sobres, d’autre sont des objets de collection au plastique coloré. Tous sont, d’une façon ou d’une autre, des objets de collection.

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Il y a quelque chose de beaucoup plus authentique à placer un vinyl plutôt que d’ouvrir Spotify et appuyer sur Play. Un geste délibéré où nous choisissons et posons le disque au lieu de passivement recevoir une playlist pré-construite ou générée par un algorithme.
Il y a quelque chose de plus personnel à connaître l’album que l’on entend et ne pas vraiment contrôler l’enchaînement des morceaux, mais se laisser porter par l’œuvre telle qu’elle a été imprimée sur le plastique.
Il y à quelque chose de plus précieux à avoir une collection de disques et à les entretenir, plutôt qu’un abonnement donnant accès à toute la musique jamais créée.

Au final, j’aime bien les vinyls. Je les écoute plus volontiers quand il s’agit de se détendre où de mettre une musique d’ambiance que je n’écoute mes fichiers digitaux. Je comprend leur succès et la fierté des collectionneurs. Je m’amuse à chercher la perle rare dans les bacs des brocantes et je suis séduits par les éditions collectors accompagnant mes films et jeux vidéos préférés.

Et tout ça malgré la qualité objectivement moindre mais subjectivement plus appréciable de ce que j’écoute avec..