J’ai eu la chance de rejoindre la formation “Nouveaux Regard sur l’Obésité” donnée par l’équipe de nutrition de l’hôpital où je travaille. Elle s’adresse aux médecins généralistes et cherche à leur faire comprendre les difficultés de leurs patients obèses. Déconstruire les préjugés, comprendre leur ressenti, avoir quelques pistes pour les aider, reconnaître les cas les plus graves et où les adresser.

Au cours de cette formation, un des ateliers visait à mieux percevoir la souffrance physique, psychique et sociale de nos patients obèses. Physique, car déplacer leur corps leur demande un effort accru. Psychique, car le simple fait de s’assoire sur les toilettes demande une vraie chorégraphie. Social car le regard des autres pèse sur eux, et les remarques moqueuses les accompagnent partout où ils vont.

Pour mieux nous mettre à leur place, nous avons endossé une tenue rembourrée et lestée, et nous somme sortis en ville. Nous avions chacun une tache du quotidien à remplir dans la vie d’un patient souffrant d’obésité. Moi, je devais aller essayer des chaussures dans un magasin fréquenté.

Moi, obèse
Moi, obèse

C’était terrible. Chaque mouvement était gêné par mon propre corps. Je n’avais d’autre choix que de me déplacer en me dandinant. Je suis un bon marcheur, mais après 500 mètres, j’étais en sueur. Courir après le bus aurait été impossible. J’ai du chercher dedans une place sans accoudoir, et sans siège devant, ne rentrant pas dans les autres. Arrivé au magasin à chaussures, je me suis limité à n’examiner que celle qui s’enfilaient directement, car l’épaisseur de ma jambe m’empêchait d’atteindre mes pied pour nouer tout nœud.

Et j’ai effectivement pu subir le regard des gens. Je ne pouvais pas être sûr de savoir si on me regardait à cause de la disproportion entre mon visage et le reste de mon corps où ou de mon allure gigantesque, mais les personnes m’accompagnant me racontèrent plus tard le vitriol des remarques que des inconnus se permettaient d’échanger sur moi.

Au final, cette expérience m’a convaincu que personne ne reste obèse par choix. C’est d’ailleurs ce que disent les témoignages des patients ayant réussi à perdre du poids.

On reste obèse par manque de connaissance sur comment maigrir. On reste obèse par manque de temps ou de ressources pour prendre soin de soi. On reste obèse par malchance, parce que notre corps nous trahit et maigrit mal, ou qu’on est malade, ou que nos traitements font grossir.
Et autour de nous, la société nous accable, nous juge responsables et paresseux. Les médias nous bombardent d’image de maigreur en prétendant que c’est le nouvel idéal beauté, alors qu’être simplement “normal” est déjà un objectif qui semble hors de portée. Les quelques conseils à priori bienveillants sont remplis de mensonges sur comment maigrir. Régimes dangereux, programmes sportifs impossibles à suivre… Tout semble nous décourager.

Et vers qui se tourner, sinon nos médecins ?
Pourtant, quelques uns sont aussi source de jugement. D’autres ont peur d’aborder le sujet, redoutant d’être maladroit ou blessant. Une partie enfin ne sait pas quoi faire dans les situations les plus graves, et qui ont donc le plus besoin d’aide.

Je suis heureux d’avoir pu apprendre ce que j’ai appris, et j’espère rapidement mettre au service de mes patients ce nouveau regard sur l’obésité.


👉 Découvrir la Page de la formation sur le site du CHU de Rouen.

Du changement de nos regards à l’amélioration de nos pratique
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