J0 - préparations
Météo : gris et froid
Le départ était difficile, ma dulcinée ne voulant pas quitter la maison familiale et sa bonne ambiance… Mais nous sommes finalement partis vers 20 heures, avec un sandwich en poche. Partis, mais dans la mauvaise direction ! La force de l’habitude nous a entraînés vers Amiens, avant que nous ne nous rendions compte de notre erreur. Faisant demi-tour vers Paris-Orly, nous avons suivi une moissonneuse-batteuse sur une bonne vingtaine de kilomètres, à la vitesse fulgurante que nous connaissons tous à ces engins. La doublant finalement, nous étions sur la bonne route.
La conduite était agréable, et malgré que nous nous soyons perdus dans le parking à camion de l’aire d’autoroute où nous faisions le plein, nous avons fini par arriver à Paris, où nous allions laisser la voiture dans le parking de nos parents pendnat la durée du séjour. Les âmes superstitieuses parleront d’actes manqués, mais nous pas ! en tout cas, pas jusqu’à ce que nous perdions les clefs de la voiture — elles avaient glissé sous le siège avant.
Voyant dans tous ces capotages un signe du destin qu’il fallait s’en remettre au professionnels, nous avons courageusement pris le taxi jusqu’à l’hôtel Ibis Budget de Orly pour y attendre notre vol du lendemain. Nous sommes ainsi arrivés sains et saufs, et surtout ravis du voyage à venir. D’un sommeil de plomb, les brèves mais reposantes 5 heures de sommeil passèrent en un éclair.
J1 : Franchissant les frontières
Météo : Dégagé et doux
Notre vol était à l’heure, et nous aussi. Arrivés les premiers dans le hall d’embarquement, nous avons franchi la sécurité en clin d’œil, et nous nous sommes récompensés d’un petit déjeuner d’aéroport. Le vol s’est très bien passé (j’avais la place d’étendre mes jambes) et nous y avons fini notre nuit.
Arrivés à Lisbonne, et sur les conseils du Routard, le métro nous a transporté jusqu’à la station Rossio qui débouche virtuellement dans le hall de l’hôtel où nous descendions. Archi central, donc. Nous y avons laissé nos bagages en consigne, la chambre se libérant dans l’après midi. Profitant du couloir de l’accueil pour enfiler des vêtements plus légers, nous partîmes sans même regarder le plan à l’assaut des ruelles. À chaque intersections, nous choisissions la route “qui a l’air la plus jolie”. Nous sommes ainsi remontés vers le nord-ouest jusqu’à l’académie des beaux-arts avant de redescendre sur le port en suivant les pittoresques voies du tramway.
La faim se faisant sentir, nous avons acheté des salgados (des sortes de beignets) au porc et aux crevettes, ainsi que des Pastel de Nata (pâtisseries typiques à la crème), avant de filer déjeuner dans un petit restaurant appelé “Floresta des Escadinhas” recommandé par Mr. Routard comme étant peu cher et délicieux. Au menu, poulpe et sardines grillées, accompagnés d’une rasade de vino verde , en fait blanc, sec, fruité et pétillant qui allait très bien avec les fruits de mer.
Reprenant notre itinéraire holistique, nous sommes montés vers le château Saint George. Mais en voyant la file de confrères touristes à l’entrée, nous en avons remis la visite à plus tard. À la place, nous avons escaladé la tour de l’église du château pour contempler le panorama, visité des boutiques de faïence et de carrelage, pisté les tramways dans les ruelles. Passant par hasard devant un restaurant on ne peut plus typique, nous avons réservé une table pour la représentation de Fado qui s’y tiendra ce soir.
Tout de même bien amortis par cette journée, nous sommes rentrés pour découvrir la somptueuse chambre qui nous était attribuée. Ma douce a sauté partout de joie, puis s’est écroulée sur le lit. Elle dit ne pas aimer les siestes, mais elle a dormi à poings fermés.
Nous sommes repartis en direction du restaurant et de son fado. En l’occurrence, c’était plus un boui-boui qu’un restaurant. Petit, poussiéreux, la décoration dépareillée, un seul mot décrivait l’endroit : authentique. S’il avait été moins charmant, il aurait été miteux.
Nous nous sommes assis à côté de deux Allemands qui mangeaient une sorte de croque-monsieur noyé de fromage fondu et nous avons attendu. Le serveur nous a apporté nos bières, nos beignets de morue, et finalement les Francesinha (le nom de ces croque-monsieurs) que nous avions commandé par mimétisme. Ils étaient un peu lourds, très salés, mais exactement ce dont nos estomacs affamés avaient besoin.
Les guitaristes se sont ensuite installés et ont commencé à jouer. L’ambiance était charmante, et la météo idéale pour une soirée en terrasse. Lorsque la chanteuse est arrivée, le calme s’est fait. Cette dame devait avoir un peu plus d’une soixantaine d’année ; elle se tenait droite comme un I dans sa robe de soirée, drapée d’un châle fin, soigneusement maquillée — elle imposait sa présence. Nous avons eu une belle démonstration de fado, ce soir là.
Enregistrement de Fado | |
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On a d’ailleurs bien profité du spectacle offert par une cliente assise dans un coin, qui semblait transportée par la musique et dansait inconfortablement sur sa chaise, chantant à contre-temps, exagérant chacun de ses gestes maniérés, applaudissant avant la fin des morceaux ; elle avait l’air un peu folle.
Demandant conseil au serveur, nous avons pris nos desserts : un genre de gâteau napolitain et un vague tiramisu, tous deux délicieux. Puis nous sommes rentrés en marchant le long du port sous la pleine lune.
Les rues débordaient de visiteurs pour les Journées Mondiales de la Jeunesse. Entre les jeunes chinois jouant du tambour, les brésiliens faisant démonstration de capoeira, les espagnols jouant du flamenco, on reconnaissait les français entre mille. C’était eux qui, criant le plus fort, semblaient profiter le plus de la soirée.
Finalement revenus à l’hôtel, nous nous sommes écroulés sur le lit sans demander notre reste.