🅰🅻🅴🆇🅸🆂 avançait dans le brouillard, ses pieds nus effleurant à peine le sol lisse et sans relief, ni chaud ni froid. Sur lui, il sentait tout juste ses habits trop grands et rêches frotter contre sa peau. Il avançait, sans savoir vraiment où il allait. Lentement, à tâtons, il s’appuyait contre un mur qui ne semblait pas avoir de forme. Sa main tremblait sans qu’il ne puisse l’en empêcher. Ce n’était pas important, il devait avancer.
Pas après pas, il continuait sa route, absorbé par son objectif. Une voix lui parla, venue du vide qui l’entourait, mais il ne l’écouta pas. La voix appela son prénom. Il continua de marcher. La voix insista. Pourquoi faire ? Elle ne l’intéressait pas : tout ce qui était important, c’était d’arriver un peu plus loin.
Une forme se dressa devant lui. Elle n’était pas de la même couleur que le mur ni le sol, mais elle était sur son chemin. Il tendit la main vers la forme pour l’écarter, mais quelque chose attrapa son poignet et interrompit son geste. Il cligna des yeux et chercha à comprendre ; examinant devant lui, la forme se précisa en silhouette. La voix venait d’elle. Que voulait-elle ? 🅰🅻🅴🆇🅸 n’arrivait pas à se concentrer sur ce qu’elle disait.
Tendant son autre main vers la forme pour la saisir, en apprécier la texture, il fut saisi par son autre poignet. Cela semblait serrer si fort, mais il sentait aucune douleur. Il poussa un gémissement. “Ą̵̡̲̠̱̙͈̃̈́͝l̶̨̧̹̯̖̪̩͊͛̋̓͝ẹ̶̲̪̤̩̜̣̞̏̂͘x̷̨͓̪̌̌̄̿̔͛i̶̟̦̺̥̜̤͔͒̀s̶̨̛̭̝͉̝͈͍̙̩̯͙̀̃̊̍ ! Ą̵̡̲̠̱̙͈̃̈́͝l̶̨̧̹̯̖̪̩͊͛̋̓͝ẹ̶̲̪̤̩̜̣̞̏̂͘x̷̨͓̪̌̌̄̿̔͛i̶̟̦̺̥̜̤͔͒̀s̶̨̛̭̝͉̝͈͍̙̩̯͙̀̃̊̍ !” répétait la voix. Ou les voix ? d’autres semblaient s’être jointes à la première. Le son qu’elles émettaient semblait familier, il avait déjà du l’entendre de nombreuses fois auparavant. Mais quel auparavant ? le passé semblait aussi flou que le présent…
🅰🅻🅴🆇 fus saisi d’angoisse. Pourquoi cette forme bloquait elle sa route ? Il ne dérangeait personne ! Pourquoi ces voix le harcelaient-elles ? Il n’avait pas envie de les écouter. Il devait juste avancer encore un peu.
Il se laissa tomber à genoux. Ses jambes heurtèrent doucement sur le sol lisse et tiède, sans qu’il ne le sente à peine. Le mur avait disparu, et les formes étaient maintenant trop loin pour qu’il ne les voit. Il se débattit… son coude frappa contre quelque chose de solide et dur, mais sans effet. Il frappait pourtant fort… Frappait-il fort ? Il arrêta et respira lentement, en gémissant doucement, les yeux mis-clos. Il resta comme ça un très, très long moment. Les voix se faisaient éparses et distantes.
Quand il se senti mieux, il releva la tête et ouvrit les yeux. Il se figea à nouveau. Posé sur lui, deux yeux bleus, gigantesques, l’observaient en silence, comme suspendus dans les airs gris et flou dans lequel il se sentait flotter. Les yeux ne bougeaient pas, ne clignaient pas. Les voix s’étaient tuent. Il était seul, seul face à ces yeux qui occupaient tout l’espace et ne se détachaient pas de lui. Ils semblaient regarder 🅰🅻🅴 tout entier ; chacun des pores de sa peau était scruté avec une infinie attention ; chacun de ses gestes était examiné avec un soin imperturbable ; jusqu’à ses pensées semblaient exposées à ce regard minutieux qui descendait vers lui, inévitable et pourtant si distant. Les yeux semblaient calmes et concentrés, comme on observe un phénomène de fascinant, qui ne peut nous échapper.
🅰🅻 se senti comme figé par ces iris démesurés… il n’osait bouger, de peur de révéler plus encore que ce que ce regard perçant ne décelait déjà… Que voulaient ces yeux ? Qu’allaient-ils faire ? Il ne savait pas s’il pleurait ou non, même les larmes ne semblant plus pouvoir susciter chez lui de sensation.
Qu’était il venu faire… pourquoi voulait-il avancer… pourquoi l’en empêchait-on… pourquoi…
🅰 saisit sans le vouloir la main tendue devant lui venant des yeux. Il se senti hissé sur ses pieds, et dirigé de là d’où il venait, le long du mur sans forme. Il passa une petite porte blanche, il s’assit sur la surface surélevée et molle contre laquelle il était poussé. ■ attendit.